Blitz au Salon du livre
Jeudi 22 mars 2007. Inauguration du Salon du livre, porte de Versailles. Seuls les professionnels, journalistes, écrivains sont conviés. Un pourcentage énorme de vraies et fausses blondes, de vieux beaux, de faux jeunes, de faiseurs, de sourires entendus, de grands et petits éditeurs, d’anecdotes. Un gars de Payot & Rivages m’annonce d’entrée qu’un journaliste de Télé Canada admire l’un des livres de Max Euwe. Ici, petits et grands participants aiment les livres. Bonne nouvelle. Les stands vont des mastodontes comme celui de Gallimard aux tous petits ou à ceux désertés comme celui de L’Humanité Dimanche.
Chaque année, c’est le même rituel : un passage au stand Payot & Rivages, à l’entrée, là où les bouchons sautent en premier. Quelques discussions et on prend la tangente. En piste! Seule gêne: la musique de Georges Delerue en stéréo dans le cerveau, celle du film de Godard, Le Mépris, également reprise trois fois dans Casino, notamment dans le générique de fin.
« Tiens, bonjour Jean ! » Jean Hatzfeld, ancien chef du service des sports de Libération. C’est lui qui m’a donné ma chance, en 1983‑84. C’est lui qui a compris que les sportifs n’étaient pas des machines à chiffres, mais des hommes et des femmes. Avec leur histoire, leur grandeur, leur humanité. Et les pages « sports » sont devenues un modèle sous son impulsion. Et de 1984 à 1990, Kasparov était un bon client pour tout cela!
Jean Hatzfeld a donc indirectement beaucoup contribué au développement du jeu à Libé. Il a ensuite été grand reporter de guerre (Yougoslavie, Rwanda) au risque de sa vie avant de devenir écrivain. Tiens, il se fait happer par Mathieu Lindon, critique littéraire, amateur de tennis, mais qui aime bien les échecs aussi. Adieu, Jean ! Cinq minutes plus tard, je tombe sur mon ancien collègue de l’Unesco, un pro des cocktails et encore plus de la mise en page! Deux minutes plus tard, à l’entrée du stand Gallimard, j’aperçois le dos de Régis Jauffret. A-t-il encore ses santiags et sa houppe? À côté de moi, mais c’est sa femme, bien sûr ! Bravo au dernier roman du mari, Microfictions!
Allez, on repique dans les petites allées. Celles où il y a quelques années, je croisai un ancien joueur parisien, Thierry Ego. En m’adressant à lui, il m’avait affirmé sans rire ne pas s’appeler ainsi ! Pourtant, c’est bien lui qui avait fait office de secrétaire à François Le Lionnais sur la fin de sa vie… Pas le temps de dire bonjour à deux anciens de Libé, Franck Eskenazi et Véronique, ah… quel est son nom déjà ? Retour sur le stand Payot pour boire le blanc très moyen, mais il fait soif; discussion rapide avec un jeune professeur de philosophie surdoué, traducteur de Nietzsche et de textes en grec pour l’un des 170 ouvrages de philo publiés par Payot! L’Inde est l’invité d’honneur du Salon. Ce soir-là, elle n’était présente que sur les stands officiels du gouvernement. Et aux échecs, elle nous amène heureusement des armées de jeunes champions pour les prochaines années.
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