La FIDE boit le T.A.S
Un conflit oppose la Fédération internationale des échecs à Jean‑Paul Touzé, organisateur des championnats du monde des jeunes à Belfort, en juillet 2005. Lors de cette compétition planétaire sur le Territoire de Belfort, des fédérations – à tort ou à raison – ont chouiné sur un certain nombre de points à propos de l’organisation. Le dialogue s’est mal passé avec certaines d’entre elles d’autant que l’père Touzé ne s’est jamais laissé faire, contrairement à nombre d’organisateurs qui s’écrasent devant la moindre pression. (Cliquer ligne suivante, sur ‘lire la suite’)
Le championnat se passe, et quelques mois plus tard, moins d’un mois plus tard, le Comité exécutif de la FIDE (s’ ?) exécute : il suspend ex abrupto la licence d’organiseur de Touzé pour cinq années, sans le convoquer ni même l’entendre. Le dossier est transmis à un hochet, la Commission d’éthique (sic) ! Touzé, comme d’hab, ne fait ni une ni deux : il prend sa Berline spécialisée dans les procès. Voyons, je programme… Ah ! oui, le tribunal compétent est le Tribunal arbitral du sport, basé à Lausanne. Les deux parties ont été convoquées le 27 mars 2007.
Premier acte de quatre heures : on tergiverse pour savoir si le tribunal va aller au fond de l’affaire ou pas. Dame, la FIDE voulait aller au fond : elle avait amené pas moins de onze hussards de différentes fédérations du monde entier, tous présents lors du championnat. Côté Touzé, on l’a joué blitz à 4 : le président de la FFE, Jicé III (Jean‑Claude Moingt), le directeur général (Laurent Verat) et un presque retraité des 64 cases, ah, son nom m’échappe ! C’est un p’tit bonhomme tout sage : ça y est, cela me revient : Anatoly Karpov !
Premier point de désaccord, la FIDE se bat pour faire exclure les représentants de la FFE de l’audience. Beaucoup de blabla. Les quatre juges font sortir avocats et représentants et après un quart d’heure de délibération, finalement oui, la FFE peut rester car elle est légalement organisatrice dudit championnat via un homme de chair et d’os et une organisation locale.
Les témoins ‘groupiert’ mais perdus dans le triangle des Bermudes
Quatre heures plus tard, aucun témoin n’a été entendu par les juges. Normal, le fond n’est pas abordé. Tous ont attendu des heures dans une pièce minuscule. En grand professionnel de la prophylaxie, Karpov, seul témoin côté Touzé, avait amené un livre de Dostoïevsky. Laurent Verat raconte : « Karpov est resté sage comme une image pendant des heures. Quand je lui ai demandé si, dans sa vie, il avait déjà voyagé pour rien, il a réfléchi un instant et m’a dit : “Non”. De leur côté, les témoins de Kirsan ont juste fait une photo-souvenir et sont tous rentrés chez eux. »
Photo des témoins ‘Fidesques et fidèles’, en pleine réflexion. Photo prise à l’arraché par Échecs 64.
Une ‘FIDE’ de mauvaise foi…
Bref, la FIDE a pris une vraie déculottée. Non seulement elle a dû payer 80 % des ‘frais de la cause’ (çàd de l’audience, l’usage voulant un partage 50‑50), mais le TAS a déclaré la Commission d’éthique ‘incompétente dans le cas d’espèce’. La baffe juridique : le TAS n’a pas voulu examiner l’affaire sur le fond. Autrement dit, l’père Touzé devra épuiser toutes les voies de recours au sein de la FIDE (horizon 2008). Bonne nouvelle pour la FIDE en apparence ? Plutôt non quand on sait l’obsession kirsanesque de voir reconnaître les échecs au sein du CIO. Dans la réalité, le TAS a constaté que la FIDE est, comment dire, unique dans son organisation bordélique parmi les fédérations mondiales !
Pour finir, le plus mortel : les attendus lus en fin d’audience parlent de ‘déni de justice, de préjudice’ etc… en faveur du Belfortain, bien sûr. Il est donc possible qu’un gros é‑chèque tombe un jour pour l’organisation de Belfort et/ou de Touzé lui‑même. Voilà. Les attendus devraient être envoyés aux parties avant fin juin.
En dehors de toute polémique, un p’tit r’montant pour la FIDE: considérer cette affaire en dehors de tout MÉPRIS.
Pour les élèves studieux, un peu de lecture :
La version officielle du TAS sans commentaire
L’interprétation de la FIDE de la décision du TAS.
Les pingouins de la FIDE en photo, tout contents d’avoir bu la TAS
La fide n’a vraiment rien d’autre à faire que de gaspiller de l’argent pour emmener une telle délégation en Suisse!
Quelle lamentable institution.
ils ne savaient pas , à la Fide, qu’il y a encore quelques tribunaux (‘achement rares !)de temps à autres insensibles à toute pression ?…