Ch. B(ernard) vs Ch. B(outon) : accident!
Un ChB en cache un autre. Fin juin 2008. En sortant du garage souterrain à voie unique, une voiture inique bloque le passage. Reculade ou enguelade ? La journée pourrait se terminer en onomatopées, mais le conducteur arbore un large sourire. Pas un Parisien, celui-là, pour sûr. Il n’est que sympathique. C’est l’impétrant et maître international cé-hache-bé alias Christophe Bernard, de passage pour une visite familiale. En plein championnat de Paris, on se promet de s’envoyer des « meïlles ».
Christophe ne nous décevra pas dans la semaine qui suit : il enverra son fichier attaché avec trois parties légèrement commentées. Je le décevrai en publiant cette note à la vitesse d’un (ancien) sénateur.
Voir ces 3 parties, celles du championnat de son titre de champion de France 1987 : lire la suite.
Ch.B. ne change pas : il m’appelle toujours ‘l’autre’. Son style reste universel. Sa femme ne l’accompagne plus avec ses jeunes enfants dans les tournois: ce sont maintenant des grands qui suivent de hautes études. Christophe adore toujours se préparer en fonction de l’adversaire grâce aux bases de données. Son jeu de pièces reste redoutable. Sa Grünfeld chérie ne lui fait pas défaut et il rentre sans vergogne dans les lignes théoriques. Mais attention, il est aussi malin, le ChB. Exemple ? Retour à 1987, l’année de son titre de champion de France, remporté de haute lutte. Après 13 rondes, il termine à égalité avec Andruet. Le règlement prévoit un match en quatre parties.
Sur les conseils avisés de Jean-Pierre Mercier, alors importateur de ChessBase en France, ChB se transforma en Mister Surprise: à égalité 1 victoire partout après trois parties, ChB joue pour la première fois de sa vie avec les noirs la Défense Hollandaise dans cette 4e partie décisive. Mercier avait repéré qu’Andruet ne la négociait pas très bien…
La surprise fut totale pour Andruet qui perdit ses moyens, la partie et le match donc le titre. Il s’en lamenta des semaines durant (« Mercier avait des centaines de parties de moi sur ChessBase.»). Ainsi va la vie sur l’échiquier du ChB: il aime le beau jeu, la surprise et l’affrontement. C’est ainsi que ChBernard mit sur une superbe bulle à ChB – ‘l’autre’ – sur un Gambit du Roi. Car Ch. Bernard est aussi un incorrigible romantique.
Le site du maître Christophe Bernard
Son Elo sur le site de la FIDE
La fiche de son livre Les Échecs méthodiques avec son coauteur Bernard Lerique aux éditions Payot-Rivages.
“….facilier la vie”
Lapsus révélateur, Herr Bouton!
Toutes les parties de C. Bernard du cht de France de Rouen 1987 ainsi que les parties de départage contre Andruet sont dans un fichier zippé en bas de la note. Le fichier contient un fichier ChessBase au format cbv.
Le plus: lors de ce championnat de France, dans le tournoi Accession Ligues – une mouture assez faible il faut le reconnaître -, les trois premiers furent: Moingt et Verat (qualifiés pour le National 1988) et… Bouton. Mes deux camarades de club, aujourd’hui aux commandes de la FFE, revinrent comme des boulets de canon, en marquant point sur point alors que j’avais fait le tournoi en tête, mais avec trop de nulle dont une dans l’ultime ronde contre l’accrocheur van Dongen, dont j’ignore le lien de parenté exact, mais il est de la famille du peintre.
Autre anecdote: le regretté Lamelin, arbitre, nous fit des tours en appariant des joueurs plusieurs fois ensemble et en se faisant aider par Jean-Claude en fin de tournoi où les appariements devenaient coton du fait du faible nombre de joueurs. Eh oui, l’informatique n’était pas là pour nous facilier la vie.
Très joli post pour les nostalgiques. Bernard, Andruet, Mercier, Bouton, que du beau monde pour nous autres les observants des premières tables, là ou parfois nous avons le droit de prendre place pour un petit tour.
Je me souviens d’une partie contre Bernard au Touquet, ses enfants étaient petits, sa Grunfeld horrible ( bien entendu, je me croyais bien et bien entendu tout s’est effondré d’un coup) et sa gentillesse formidable. Un grand bonjour à tous les trois et un petit signe à Gilles.