Assemblée nationale: tous ensemble, tous ensemble!
C’est un 10 mars dans un salon de l’Assemblée nationale. Sur les 577 députés, quelques-uns ont été rattroupés comme on dit à Besançon. Ils sont joueurs d’échecs ou ont aidé le jeu. Concrètement, il s’agit un lobbying FFE en version VIP. Invités d’honneur: Kramnik, ex-champion du monde vivant à Paris, Aurélie Dacalor dans le rôle de la féminine, Michel Noir, ancien maire de Lyon et Bernard Laporte, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Cette rencontre informelle a été filmée et le site d’Europe Échecs en rend compte. Tour d’horizon des interviewés enfilant les perles et surtout liste des non-interviewés et des joueurs pris dans le champ de la caméra tout à fait visible.
Commençons par le plus simple, le voisin de Jicé Moingt, élu socialiste de Clichy:
Le député (et encore maire à ce moment-là) UMP Manuel Aeschlimann accompagné de sa femme conseillère régionale. Reconnu coupable quelques jours plus tard d’avoir favorisé une société avec qui il était en « lien d’affaires » lors de l’attribution d’un marché pour organiser un festival du folklore en 1998, on lui reproche d’avoir conclu le contrat sans aucune mise en concurrence. Il a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et quatre ans d’inéligibilité ainsi que 20 000 euros d’amende. En bon joueur d’échecs, M. le député a fait appel et conserve donc son mandat. Il explique d’ailleurs assez bien sa vraie passion et sa connaissance du jeu: il connaît quelques ouvertures, explique en creux que le jeu d’échecs est un gouffre de temps et comment grâce à Jicé (qu’il a connu dans une autre vie), il a aussi accueilli une étape du Top 16 narrée ici.
Marie-Georges Buffet (PC): Voyons… pas de cycliste à l’horizon. Pas d’EPO non plus en dehors de l’homonymie d’Échecs Promotion Organisation, la SARL ayant édité Europe Échecs, radiée par le tribunal de commerce de Besançon et téléguidée par Babar. Mme Buffet parle presque « cash »: elle a le courage de dire qu’elle ne sait pas jouer et qu’elle n’a presque rien à déclarer. C’est presque la lutte (en) finale!
Marie-Claire Restoux (UMP): Conseillère municipale à Clichy, suppléante à l’Assemblée nationale de Patrick Balkany, député de Levallois-Perret, ancienne pensionnaire à l’Élysée du temps de Jacques Chirac, elle connaît naturellement Moingt, Jean-Claude, élu socialiste de la mairie de Clichy. Ancienne championne de judo, elle se lance dans une comparaison fumeuse entre le judo et le jeu d’échecs. À question idiote, réponse idiote: en résumé, « il faut réfléchir vite au judo – trois minutes – ce qui n’est pas le cas aux échecs ». Sans rancune, un shido pour Mme Restoux et à bientôt, aux prochaines cantonales, par exemple.
Michel Noir, ancien maire RPR de Lyon, un passé politique à la Dallas est un vrai joueur, sûrement le plus fort d’entre eux. « Le meilleur d’entre nous » pourrait-on dire? Michel Noir a abandonné la politique en 1996 suite à une condamnation en appel. Il s’est reconverti dans l’écriture et les affaires. Oui, il connaît en fait très bien le jeu. Oui, il fait partie comme son fils Jean-Michel (ancien joueur de compétition extrêmement sympathique du haut de ses 192 cm au moins), du club ‘Le Grand Échiquier’, un truc de lobbying basé dans les locaux de la FFE(!).
Michel Noir déclencha le jeu d’échecs dans les écoles lyonnaises. On ne le voit pas parler avec Babar, ancien organisateur du championnat du monde K-K à Lyon, en 1990. Pudeur de la caméra ou oubli au montage? Bonne nouvelle, M. Noir continue à se droguer: au blitz, bien sûr, en jouant sur l’Internet et en famille… et « ici » termine-t-il dans un sourire loin de nous tous.
Prenons maintenant la zappette du décryptage et voyons ce que EE ne vous dira jamais:
Yves Marek, un homme de l’ombre (ancien membre du cabinet de l’ancien président du Sénat Christian Poncelet) connaît le Tout-Paris politique. On lui doit entre autres les tables d’échecs du Jardin du Luxembourg et les oeuvres accrochées au grilles du même. Dernière « pointe » de ce grand frère du jeu: il est l’auteur d’un livre d’art sur le jeu d’échecs.
EE, “revue mondiale d’expression française”, n’a pas jugé bon d’interroger, dans le désordre:
– Le secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, Bernard Laporte (le mot ‘fédération délégataire’ est-il devenu un gros mot?).
– Babar Kouatly
– Jicé Moingt
– Kramnik
– Aurélie Dacalor (et les échecs féminins dont on nous rebat les oreilles, alors!)
– Olivier Dassault, fils de, et petit-fils de Marcel.
– Maxime Vachier-Lagrave
– Gérard Drogou, haut fonctionnaire et joueur actif dans les années 1980
– Julien Mazet, habitué des milieux politiques et fort joueur.
Au-delà de ces loupés voulus ou pas – l’élocution de ces VIP laissait-elle à désirer ? –, la force des images est toujours là. Il faut en être gré à EE. Mais pour le pire. Nous, les mazetovitch, regardons avec notre carte d’électeur en main et notre carte de membre d’un club de l’autre, le «superbe appartement du questeur». Les hommes politiques sont au balcon et nous nous taisons. Le décalage entre cette rencontre également filmée par LCP, la chaîne parlementaire, et l’état des quelque mille clubs que compte la fédé est saisissant. Ce sont ces 1 000 clubs qui voteront fin mars pour une réélection sans liste d’opposition pour Jicé II… On est tous de la même famille?
Note finale: un internaute attentif à la virgule près nous fait remarquer que le maire actuel d’Asnières est Sébastien Pietrasanta, frère de son frère Jérémy, joueur à 2282 Elo. Merki.
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