C’est Bron, mais est-ce bon? Cagoulovitch!
Vous ne lisez jamais Le Figaro? Vous devriez. Comme nombre de quotidiens en été, ce journal oublie un temps la politique et donne plus de place à la culture. Traditionnellement, les échecs y ont leur place avec leur chroniqueur attitré, Aldo Haïk. Aldo y donne toujours des parties ou des études de qualité. La n° 1747 vole à 15 000 pieds et semble de haute tenue. C’est Bron, mais est-ce bon? Elle m’a rendu « cagoulovitch » (du backgammon ‘cagoulé – perdre à cause de la faute à pas de chance et ‘vitch’, libre adaptation slave ; néologisme © Ch. B. – mais pas moi, 2009).
Les blancs jouent et gagnent, V. Bron (1980), Canadian Chess Chat
Blancs : Rh1, Fa1, pions c7, e7 et h2; Noirs : Rh4, Th7, Cg8, pions f6 et f2.
V. Bron donne le gain blanc. Je trouve une variante et rentre gai comme un pinson. Puis je mets le logiciel Rybka en route et bing! Cagoulovitch. Cela ne semble plus gagner. N’ayant plus le numéro du Figaro sous la main, je doute sur l’intitulé. Est-ce « et font nulle » ou bien « et les blancs gagnent ». Non, après vérification, c’est bien « gagnent ». Cagoulovitch!
Cliquer ligne suivante pour réfléchir sur le diagramme et les années yéyé
Aldo est l’un des premiers maîtres internationaux français à avoir été cherché ses normes avec son courage. Après la mort de Camil Sénéca, à la fin des années 1970, il lui a succédé au Figaro. Les jeunes ne se rendent pas compte ce que pouvaient représenter des joueurs comme Aldo Haïk ou bien Nicolas Giffard.
Ces jeunes professionnels français, ces mousquetaires, guerroyaient avec courage, mérite avec peu de moyens. Le titre de MI était leur objectif. Objectif Lune à l’époque tellement il était difficile de réunir les conditions d’un tournoi à normes (tournoi fermé, quota de maîtres étrangers, moyenne Elo, invitations etc.). Mais ils le firent et contribuèrent à la mutation des échecs français, alors complètement cagoulovitch sur le plan de la compétition internationale.
Aldo narre cette chasse dans un passionnant ouvrage (4 tournois pour un titre, Hatier 1978). En feuilletant un livre de Keene (Raymondo comme l’appelait Tony Miles!) sur l’olympiade de Skopje de 1972 en fucking notation descriptive (Batsford, 1972), on y voit de nombreuses photos de champions dont une d’Aldo, cigarette dans l’oreille, en pleine réflexion. Son score de 11 sur 12 lui vaudra une médaille! Tous ses adversaires finirent alors… cagoulovitch.
j’y revient :
1….Cxe7 2.Fxf6+ Rh3! 3.Fxe7 Tg7+!! 4.Rf1 (sur 4.Rxf2 Tf7= car le Roi blanc ne peut pas aller en h1 sans se faire mater, ni sur la colonne e sans perdre le Fe7) (4.Fxg7 impossible car le F est en e7, à l’aveugle le matin, c’est duuur) Tg1 5.Rxf2 Tc1 et ça devrait faire nulle sans problème, 6.Fd8 Rxh2 etc.
y’a-t-il une ruse ? car sur 1.Rg2 j’ai l’impression que les blancs gagnent :
1….Cxe7 (sinon 2.e8=D ou c8=D) 2.Fxf6+ Rh5 3.Fxe7 et 4.c8 (et sur 3…Tg7+ pas 4.Rxf2? Tf7, mais 4.Fxg7 ou 4.Rf1 gagne.
sur 1…Tg7+ 2.Rxf2 semble gagner aussi
Enfin, on est tot le matin, et je ne suis peut-être pas bien réveillé 😉
J’ai ce livre de Haïk “4 tournois pour un titre” .
Ayant été un admirateur de ce joueur, j’avoue que je m’attendais à mieux à la lecture de l’ouvrage . J’éspérais plus d’anecdotes, de ressenti, bref un livre plus personnel.
Sans doute un excès de modestie de la part de l’auteur…