National: dernière ligne droite
La Dorfmanite continue. Dans la 8e ronde (sur les 11) jouée mardi, on ne compte qu’une seule partie décisive: Fressinet bat avec les noirs Hamdouchi. Il a joué comme un pro et rejoint en tête du classement Édouard. À trois rondes de la fin, tous deux sont à ‘+4’, soit 4 victoires et 4 nulles sur 8 parties. Étienne Bacrot reste à un demi-point derrière avec ‘+3’ soit 3 victoires et 5 nulles.
Bricard-Sokolov: nulle en 9 coups. Bricard veut sûrement rester dans le National. Il est provisoirement 4e avec ‘+1’ (2 victoires, 1 défaite, 5 nulles) et Sokolov n’a pas voulu rater Miss Marple de sa chambre d’hôtel.
Édouard-Bacrot: nulle en 10 coups dans une variante choisie de part et d’autre pour sa solidité et son manque de perspectives. Le rire, mais pas l’oubli: on retrouve la même suite dans une partie… Bacrot-Beliavsky, dans le match joué à Albert en… 1999. Beliavsky avait alors montré au jeune champion comment faire nulle facilement en 20 coups. Et qui était en cuisine pour la préparation de variantes du match? Dorfman!
Écœurante, cette nulle en 10 coups montre la stratégie de Bacrot: il a 2 fois les blancs au cours des 3 dernières rondes dont 1 fois contre son « client » Fressinet… à la dernière ronde. Mais Fressinet est en forme… Bacrot le cible quand même dans un duel à haute tension, sachant qu’il a toujours su gagner ce type de partie contre cet adversaire. ‘Rien de personnel, je vais seulement vous couper la tête’.
Bacrot parie par ailleurs que (dans l’ordre) Tchernoutchévitch, Tkatchiev et Sokolov pourront neutraliser Édouard. C’est un peu risqué, surtout quand on a un demi-point de retard.
De son côté, Édouard a 2 fois les noirs. Il fait confiance à Bacrot pour sortir Fressinet et blancs ou noirs, peu lui importe: il joue actif et en confiance. Le demi-point était de toute façon une bonne affaire pour lui. Il est toutefois étonnant qu’il n’ait pas cherché à mettre la pression en jouant plus longtemps.
La Dorfmanite mute en supercherite
Le pire fut la nulle Cornette-Dorfman: 32 coups totalement maquillés en nulle de combat. Cette vraie supercherie a même été moquée sur le site fédéral via la voix du maître international Jean-Baptiste Mullon. Il parle de « la gentille plaisanterie concoctée par Cornette et Dorfman ». Il en dit trop peu ou pas assez, mais chaque terme est exact et cruel.
Tout est effectivement théorique au moins jusqu’au 20e coup. Donc, la partie n’a duré que 12 coups. Pour le reste, les deux complices ont fait semblant de réfléchir pour la plèbe fascinée par un tel ballet de pièces. Tu parles, Charles. Sortez ces pitres!
Dorfman- Édouard: une vraie-fausse nulle
La veille, lors de la 7e ronde, Dorfman avait pourtant joué malin, à la Salov, en adoptant Fb5+ sur la Grünfeld d’Édouard. En choissisant une ligne peu jouée (Fe3), Dorfman a voulu tester son adversaire. Et juste au moment où la partie rentrait dans les hautes sphères de l’incertitude, les deux joueurs ont sorti leurs couches-culottes: ils ont eu peur et se sont mis d’accord pour la nulle. Avec une dame contre des pièces, Dorfman ne risquait rien, mais Édouard avait vu juste: il avait créé le déséquilibre pour déclencher la crise de Dorfmanite.
Liste des appariements des dernières rondes sur le site fédéral
Quelques propositions impulsives, parallèles et simultanées pour le prochain National et autres compétitions fédérales, c’est ici.
Apéritif
L’Assemblée générale extraordinaire de la FFE a eu lieu le 16 août. 138 clubs étaient représentés (532 voix). On ne nous dit pas combien la FFE compte de clubs (environ 1000). Pour une AG extraordinaire, le chiffre est ridicule, difficile à interpréter, mais peu encourageant pour l’équipe en place.
Le prochain éditorial présidentiel
Dans l’éditorial d’Echec et Mat, le président Jean-Claude Moingt anticipe quant à l’attitude de l’équipe de France aux prochaines Olympiades: il établit une comparaison oiseuse avec l’attitude des footballeurs français lors de la récente Coupe du monde. C’est au mieux maladroit, au pire insultant car une phrase a attiré mon attention: « nous espérons que les joueurs donneront une bien meilleure image de leur sport et de la France… ». ‘Notre sport’… pfff.
Bon, j’attends le prochain éditorial sur la « meilleure image que les dirigeants donneront de leur sport et de la France quant au laisser-aller des nulles de salon dont certaines maquillées dans la compétition majeure que constitue le National ».
En attendant, la FFE a montré qu’elle avait un énooorme temps d’avance sur les revues fédérales ou privées; avec son numéro interactif basé sur la technologie développée par ‘Virtual Paper’, on feuillette sur le Net le magazine qui contient des vidéos. C’est vraiment chouette et il y a plein de résultats des petits tournois français comme j’aime. J’y reviendrai, mais le succès est déjà mondial. Voir les statistiques publiées en Une du site fédéral.
Nulle en 30 coups: zéro tolérance, œuf corse!
Imposer les règles corses: pas de nulle avant 30 coups (bye, bye Dorfi!). Elles permettent de sauver des nuitées et de réduire éventuellement le National à 10 rondes (mais 11 joueurs, lire plus bas). Car les nulles de salon coûtent finalement de l’argent en nuitées. Et en termes d’image, c’est catastrophique.
Si pas possible, donner à Kamsky et Carlsen la nationalité française. Les faire mouliner pendant des heures des positions nulles comme ils le font régulièrement contre des 2700 Elo. Ah! Je rêve de voir une position archi-égale jouée des heures entre Carlsen et Dorfi!
Impair passe et manque
Faire un National avec un nombre impair de joueurs ET une ronde de repos commune à tous.
Avantages:
– Chacun joue le même nombre de parties avec les noirs comme avec les blancs. La plupart des joueurs disposent d’une journée de repos supplémentaire hormis ceux qui l’ont avant la première ronde et après la dernière.
– intégration d’un joueur supplémentaire; en effet, des joueurs du National B ont largement le niveau pour le National. Certains mettraient beaucoup d’animation!
Inconvénients:
– une nuitée supplémentaire si 13 joueurs. Une nuitée en moins si 11 joueurs! Et vu le nombre de nulles de salon, un National à 10 rondes avec 5 fois les blancs, 5 fois les noirs et zéro tolérance pour une nulle de salon revient au même qu’un National à 11 rondes avec des nulles de salon tolérées. Les joueurs de repos en début ou en fin de tournoi n’en profitent pas tellement. Les joueurs de repos en milieu de tournoi peuvent considérer leur rythme cassé ou au contraire bienvenu en cas de méforme.
Le Top 12: ruineux
La FFE veut jouer comme au football en Angleterre. Les clubs, financés majoritairement par les subventions publiques, feront comme en Allemagne: on verra des Anand, Kramnik, Svidler et compagnie mais aucun Français. Je vois déjà l’adjoint aux sports voulant féliciter les joueurs dans la langue de Molière. Ooops, « govarite po russki? »
Le Top 16 mis en place par l’équipe Loubatière fonctionnait. Mais les clubs consultés (ooops, ça s’discute d’après la note ci-dessous de M. Silvert du club de Noyon) sont paraît-il d’accord pour cette nouvelle formule se jouant sur des fins de semaine prolongées et excluant de facto une grande partie des amateurs avec de forts Elo. Soit. Conséquences à suivre pour les clubs des divisions inférieures et rendez-vous en juin 2011 pour un premier bilan.
Bonjour,
je fais suite à votre article “Le Top 12: ruineux” – Contrairement à votre article et à ce qui a été dit ou écrit partout, les clubs n’ont pas été consultés officiellement (par écrit par exemple) pour passer du Top 16 au Top 12 – J C Moingt a promis (devant témoins) lors du match Clichy-Noyon de la saison 2008-2009, un référendum pour les clubs du Top 16, de N1 et N2 …
Promesse non tenue – Seules, des discussions “informelles” se sont tenues et Noyon a indiqué clairement à J C Moingt son opposition au Top 12 (pour les mêmes raisons qu’évoquées plus haut au titre des amateurs français dont le Top 16 n’était souvent que la seule compétition importante qu’ils pouvaient faire car elle était “fractionnée”, mais aussi pour permettre “aux petits clubs du Top 16 comme Noyon ou d’autres de survivre au plus haut niveau, seul niveau qui intéresse les sponsors) –
Je crois savoir que Strasbourg a également manifesté son opposition au Top 12 (à vérifier avec eux, cf interview dans EE de JC Moingt, numéro à rechercher)
Je sais par ailleurs qu’au moins deux autres clubs du Top 16 étaient également opposés mais n’ont pas “osé” faire valoir leur point de vue.
Autre avantage du Top 16 sur 3 phases au lieu du Top 12 sur une phase, c’est que les clubs pouvaient organiser différentes phases (7 au total, avec les sous-groupes, pour le Top 16 … et une seule pour le Top 12), ce qui permettait d’impliquer les Villes, les Conseils Généraux (voire Régionaux) et les sponsors locaux. Je ne vais pas continuer à développer les avantages, ils sont nombreux et n’ont de toute façon pas été écoutés. Je trouve, enfin, curieux que personne n’a relevé que les Clubs ont, l’année qui précédait à la mise en place du Top 12, été obligés de s’inscrire … en Top 16 … pour que les règles soient changées en cours de route. Un juriste consulté m’a dit que ceci aurait du être organisé sur 2 ans et non pas un an pour éviter ce problème, mais ceci n’a, semble-t’il, pas été réfléchi ….
Thierry Silvert – Responsable des compétitions de l’AJE Noyon.
L’avant-dernière ronde aura souri au prince Edouard qui pulvérise le champion sortant Vlad Tkachiev, mal réveillé, innovant dans son Espagnole avec 8…Cd7 au lieu de Cxb3 joué un coup plus tard, mais l’interversion est sèchement réfutée par les Blancs qui gagnent en 20 coups !
Pendant ce temps, Fressinet et Bacrot ne prennent aucun risque contre Dorfman et Hamdouchi et annulent sans gloire. La situation est donc la suivante avant la dernière ronde : Edouard et Fressinet en tête un point devant Bacrot, qui aura bien du mal à remporter un septième titre de champion de France. Pour cela il doit battre Fressinet, en espérant que Sokolov fasse de même avec Edouard, pour jouer un départage à trois.
De toute façon, Andreï doit préparer l’enregistrement vendredi de Miss Marple, qu’il a pu suivre tranquillement en direct depuis quelques jours dans sa chambre d’hôtel, parce que Romain ne va pas le laisser partir à 16 h 30 !
Arrêtons de dramatiser sur toutes les Nulles du Chpt de France !
Après tout, c’est la fête des Echecs Français, et l’occasion pour les joueurs de se retrouver, d’échanger, de parler de leur carrière professionnelle, ce qui explique que des joueurs aussi combatifs (dans des open) que Bauer, Hamdouchi ou Degraeve, … le sont moins ici.
Pour moi, cela reste un beau chpt de France, surtout quand on regarde le National B où les parties sont disputées, et aussi avec beaucoup de suspense dans le A, où le leader Fressinet devra rencontrer Bacrot et Mr ‘Drawman’
Hadrien.
La stratégie de Bacrot a été mise à mal cet après-midi. Apparié avec les Blancs contre Cornette, il doit penser s’imposer facilement à ce joueur à qui il rend presque 200 points élo, et une finale T + C contre T + mauvais Fou semble longtemps lui donner raison, d’autant que son adversaire avait craqué contre Edouard quelques rondes plus tôt dans une position égale.
Mais Cornette biffe un mauvais coup et se rebiffe !
Résultat des courses : nulle au 60ème coup et, à deux rondes de la fin, Bacrot se retrouve à un point de Fressinet, qui a arraché le gain à un méritant Bricard, et à un demi-point d’Edouard qui n’a pas su vaincre le Charnu de Besançon malgré une domination constante.
La partie Bacrot – Fressinet de la dernière ronde va valoir son pesant de cacahuètes, d’autant qu’Etienne a régulièrement dominé Laurent ces dernières années dans ces conditions. Mais la roue pourrait bien tourner et apporter un premier titre de champion de France au Pyrénéen.
Bonjour Mr Bouton,
Ce qu’a dit JB Mullon est extrêmement grave, il a le mérite de dire ce qu’il pense, mais après de tels propos, on peut se demander si la plupart des résultats (y compris les gains et les défaites) ne sont pas arrangés à l’avance dans ce Championnat de France des copains.
Nous ne le croyons pas (en tout cas pas pour tous): aujourd’hui Fressinet, le (seul ?) combattant de Belfort est allé chercher, dans une position complètement égale, une victoire ‘à la Carlsen’, c’est tout à son honneur :
il mérite le titre cette année.
On a pu entendre, à propos de la Nulle en 10 coups entre Edouard et Bacrot, sur le forum officiel, de la part de ceux-là mêmes qui viennent se ridiculiser ici en vous faisant la morale (d’ailleurs vous ne les censurez pas, bravo !), un concentré d’imbécilités du type: Nulle stratégique, Nulle de gestion de tournoi, Nulle logique, blablabla, blablabli …
C’est évidemment tout le contraire, et quand on a deux sous de jugeotte, on peut évidemment se dire que si un des deux gagnait hier (mais en avaient-ils envie ?), il prenait une sérieuse option sur le titre, alors que là, ils laissent le ‘TGV’ Laurent Fressinet filer à grande vitesse vers la première place !
Avec tout notre soutien pour les commentaires de ce Championnat plus que déroutant,
SLCF, c’est encore possible !