Elo : 37 ans d’études et zéro diplôme!
C’est en consultant cette merveilleuse licence fédérale plastifiée de la taille d’une carte de paiement qu’un chiffre m’a intrigué: le code de la licence. A01450, quelle est la logique? Le constat: je suis licencié depuis 1975. Licencié à la FFE, ne veut pas dire pointer à l’ANPE. C’est plutôt un CDI de passionné à trèèès longue durée.
La mienne? 36 années de compét’ au compteur! Pour quel résultat? A peu près rien et beaucoup: zéro diplôme, zéro norme, quelque 250 parties répertoriées dans la base de 5 millions de parties de ChessBase et puis, et puis? Des voyages, des potes, un affrontement mémorable (avec partie ajournée!) contre Kortchnoï à l’open de Lugano en 1989 et d’infinies satisfactions dans les victoires comme dans les défaites.
Mais vous comme moi avez aussi joué pour le classement Elo. Quel est son historique en France? Comment feu Jean-Claude Loubatière et Charles-Henri Rouah en ont été les chevilles ouvrières? Pourquoi les « Parigots » parlent encore en « catégorie »? Appuyez sur le rétroviseur ligne suivante, photo d’Arpad Elo garantie!
Première démarche: j’ai contacté le directeur des classements de la Fédération depuis 1982, Charles-Henri Rouah. La réponse à la question sur les lettres de la licence est tombée sous la forme d’un tableau. Les licences A (compétiteurs) ont été distribuées sur la saison 1982-83 avec une lettre nouvelle chaque année. A télécharger ici.
L’historique
Laissons la parole à Charles-Henri Rouah:
« Le Elo a débuté en Normandie dès la saison 1971-1973 (fin du premier mandat de Raoul Bertolo, président de la FFE). Il est resté assez confidentiel jusqu’à l’arrivée à la commission technique de Loubatière (1976). A partir de 1977-78 le Elo était ouvert à toutes les ligues, encore fallait-il que celles-ci daignent adresser les fiches de leurs joueurs à Loubatière.
A cette époque, certains joueurs avaient deux voire trois classements Elo: FFE, FIDE, IVP (Indice de Valeur de Performance qui ressemblait au Ingo allemand et dont le premier chiffre désignait ce que les vieux parigots appellent encore une “catégorie” et qui correspondait en gros à une tranche de 200 points Elo. Les ‘Excellence’ avaient un IVP strictement inférieur à 1, ce qui correspondait à des joueurs à plus de 2000 Elo. Les joueurs de « première catégorie » avaient un IVP supérieur à 1 mais strictement inférieur à 2, soit 1800-2000 Elo etc.) C’était déjà une méthode itérative mais dont les calculs à la main, sans calculette, étaient particulièrement laborieux et pénibles. Les premières grosses listes Elo ont été publiées en 1978 dans les Échecs Français. A partir de 1983-84 Les ligues se rallieront au Elo FFE, la dernière sera l’Île-de-France. »
Et le Elo rapide?
Il a pour origine l’indice de parties rapides (IPR), un « machin » des camarades de la FSGT prenant en compte les parties à handicap; l’arrivée des pendules à ajout de temps a pratiquement fait disparaître ce type de cadence. La FFE a repris, avec l’INJES, l’idée de l’IPR sans les handicaps en 1985. Depuis 1994, l’INJES est remplacé par le Elo rapide qui figure sur la licence.
Le supplément: un bon BAF!
Pour savoir comment feu Jean-Claude Loubatière a facilité la tâche du calcul Elo grâce à une calculette magique, lire l’entretien détaillé de Charles-Henri Rouah dans le Bulletin des Arbitres de juillet 2006 qui explique en plus fleuri l’historique du Elo en France.
Les réponses de l’arbitre Stéphane Escafre aux lecteurs sont toujours aussi poilantes et on mesure l’autorité technique d’un (aujourd’hui ex-) cadre de la FFE, l’arbitre international Stephen Boyd.
Réponse pour jasper : non, ce n’était pas un bug même si l’ancien site n’est effectivement plus mis à jour. Il y a bien des clubs d’échecs affiliés à la FSGT sur la région de Lyon et dans l’Hérault. Pourquoi ici et pas ailleurs ? Excellente question. Un peu comme partout, en général il faut (et il suffit d’) une personne dynamique faisant office de moteur pour lancer les choses. À ce que je sais, cela s’est mis en place dans l’Hérault quand un des responsables de la FSGT en Île-de-France a pris sa retraite et est allé s’installer là-bas. Pour le Rhône, je n’en sais rien.
Alors Monsieur Bouton, on fait un calembour avec le nom de son adversaire ?
DESPORTES Gerard 2007 0 – 1 BOUTON Christophe 2091
Bouton des portes… Et vous trouvez ça drôle ?
vous auriez pu ‘résister’ …
Ah effectivement cela devait être un bug car ce site n’est plus fonctionnel, c’est ici que l’on trouve les bonnes infos:
http://echecs.fsgt.free.fr/index.php?option=com_fsgt&controller=player&Itemid=20
Sinon, il me semble que l’équivalent de la FSGT en province, ce sont les foyers ruraux.
Jasper.
Dans votre partie contre Kortchnoï, vous auriez pu résistez en l’empêchant de rentrer en 7ème par 38. … Te7, c’est vrai qu’il vous a sacrément affaiblit les cases blanches :
-16.Db2! forçant f6
-25.Da5! –> b6
-32.Th4! –> h6
Répétez-moi le nom de ce jeune joueur, Kortchnoï ? Au vu de cette partie, ce joueur est, à mon avis, promit à un bel avenir …
🙂
Oui très bon article !
On apprend que Charles-Henri Rouah est président des classements depuis 1982, soit quasiment 30 ans, il mérite une médaille !
Le élo est également utilisé pour le classement des joueurs de GO européens.
A propos de La FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail) quelqu’un pourrait-il expliquer pourquoi, avec les clubs de la région parisienne (ce qui se conçoit car à l’origine cela regroupait les banlieues rouges de Paris) on ne trouve uniquement en province des clubs de l’Hérault et du Rhône ?
Info vue sur ce lien: http://echecsfsgt.free.fr/?source=joueur&action=init
Peut-être un bug du site ?
Arpad Elo est né le 25 août 1903 en Hongrie de parents fermiers. Ils émigrent aux Etats-Unis en 1913 à Cleveland (Ohio). Arpad Elo apprend à jouer aux échecs très jeune. Etudiant en sciences à l’université de Chicago(Illinois), il deviendra professeur de physique et professeur de mathématiques enseignant ces matières à l’université du Wisconsin.
Arpad Elo était très impliqué dans la vie échiquéenne U.S. organisateur de nombreux tournois et il présida même l’United States Chess Federation (U.S.C.F.) en 1935.
A l’origine Arpad Elo avait mis au point ce système pour les joueurs de tennis mais la fédération l’a rejeté. Ce sont les échecs qui vont bénéficier de ce classement pour le moins original dont les puristes ou détracteurs disent qu’il est, par nature, imparfait car inflationniste du fait même de son mode de calcul.
C’est l’U.S.C.F. qui sera la première à adopter le classement Elo en 1960. La Fédération Internationale Des Echecs (F.I.D.E.) l’adoptera 10 ans plus tard, en 1970.
Arpad Elo entreprit un grand travail : donner une cote “indicative” aux meilleurs joueurs d’avant 1970. Il en ressortira une liste de 476 joueurs qui a été publiée en 1978. Dans cette liste, figurent notamment les joueurs suivants : Fischer, Capablanca, Karpov, Lasker, Botvinnik, Tal, Morphy, Alekhine, Smyslov, Petrossian, Reshevsky, Spassky, Kéres, Bronstein, Korchnoi, Fine, Steinitz, Euwe, …
Il décèdera à l’âge de 89 ans le 5 novembre 1992.
Excellent article ! Et dire que les échecs ont hérité du ELO et toutes les interrogations, critiques et polémiques qui vont avec parce que le tennis, qui avait été approché par M. Elo avant, n’en a pas voulu !