Marseille champion de France
Ce n’est pas une galéjade. Le titre de champion de France échoit cette année à Marseille, vainqueur de Clichy à la dernière ronde, dimanche, à la Cité de l’Automobile, à Mulhouse. Les deux équipes finissent à égalité de points, mais le système de départage choisi favorisait le résultat entre les équipes. Marseille, avec deux matches nuls devait battre Clichy, invaincu. Et l’impensable devint réalité.
Les Clichois, battus 3-1 dans un match très tendu sont repartis dépités avec un score, qui, comme souvent, ne reflète pas la physionomie du match. Et encore moins leur forme tout au long des 10 premiers matches. Le site fédéral en est resté coi le soir même, tout comme le site « Top 12 » de Clichy aux abonnés absents. Le site de Clichy a fait encore plus fort: il donnait jusqu’à mardi matin Clichy premier en reprenant la bonne vieille règle des départages par différence gains/défaites par échiquier. Trop fort!
Première erreur: Fressinet (Clichy) buteur “blanc” par excellence, rapide dans ses victoires, est envoyé en mission au 1er contre Bacrot… pour faire nulle avec les blancs en quelques coups. Un Pelletier suffisait (fôte! la règle des 103 points pose problème, merci à Éric Leriche pour cette réfutation, voir sa réaction plus bas), surtout pour faire une nulle de salon!
Cette surprise sur ce que le scribe du site fédéral appelle les «compos» (les compositions d’équipes devaient être données avant 9h30 pour toutes les rondes jouées à 14h30, sauf cette dernière ronde du matin à 11h: compo à 23h la veille), élimine un problème pour Marseille. Car désormais le match se joue sur 6 parties. La compagne de Fressinet, la championne de France Skriptchenko, a pris l’ascendant au 8e échiquier sur Delorme et sa victoire n’est plus qu’une question de temps.
De l’avis des observateurs sur place, tout s’est joué sur la partie entre Hamdouchi (Clichy) et Didier Collas. Ce dernier a voulu sortir des sentiers battus dès l’ouverture, a obtenu une position inférieure et a fini par “arnaquer” Hamdouchi, enfin, c’est plutôt Hicham qui a raté des avantages et des coups de massue après le 40e coup comme pas possible.
Une victoire donnait le match nul car Istratescu (Marseille) avait disposé de Pelletier de manière assez facile en apparence, et Miton (Marseille) au 2e, avait réglé son sort à Nisipeanu. Bref, Marseille a mené 2-1 au score, mais Clichy aurait logiquement dû égaliser. Les nerfs d’Hamdouchi ont lâché tandis que Didier Collas se mettait en mode poker…
Pourquoi Clichy a perdu?
Comment Marseille a gagné? La fiesta chez Bacrot
Mulhouse: du bruit et de la couleur
Le Top 12, une formule à revoir?
Petit Jordi adore grand Nadal
Le ou la future président(e)!
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Pourquoi Clichy a perdu?
Tout avait commencé en mode diesel: pratiquement aucune défaite et les points qui tombent avec deux buteurs: “Almirable” Scriptchenko au dernier échiquier et Fressinet, motivé comme s’il venait d’obtenir un permis pour tuer “à la 007”.
Mais sur la fin, Clichy a paru démotivée devant Marseille qui avait sauvé des matches et en avait gagné d’autres à 1 point d’écart.
Tout se jouerait donc sur une rencontre. Un match nul suffit pour Clichy. Une perte semblait difficilement envisageable étant donné la différence Elo. Mais quand on se prive d’un Fressinet, la tension n’est plus présente et elle se reporte sur les autres échiquiers. Certes, on peut refaire le match a posteriori. Cette ‘compo’ n’était pas si mauvaise puisque Hamdouchi a eu une position gagnante.
Mais Nisipeanu, au 2e, a raté son ouverture et se retrouve mal dès le 12e coup contre Miton. L’injustice, dans de tels cas, est de faire porter le chapeau au joueur qui termine sa partie en dernier alors que ses camarades n’ont pas amené une position gagnante. Exemple: la partie insipide Mazé (Clichy)-Gozzoli: entre le 20e et le 106e (!) et dernier coup, la structure ne changera pas, seules les tours étant échangées pour deux paires de fous moulinant dans le vide. Mazé se devait de continuer pour l’équipe et Gozzoli devait tenir la nulle…
Comment Marseille a gagné?
Avec un peu de chance, beaucoup de détermination et un esprit d’équipe comme le Clichy des grandes années. « Les points sont tombés au bon moment dans les bons matches » comme l’a dit Bacrot à froid. Plusieurs matches gagnés avec un point d’écart, deux matches nuls bien payés, mais « nous y avons cru jusqu’au bout » a répété Bacrot à tous ceux venus le féliciter. Marseille est un jeune club et avec deux buteurs, Naiditsch et Bacrot, compères également en Bundesliga (13,5 sur 15 pour Naiditsch et 9,5 sur 12 pour Bacrot, tous deux invaincus…). Bacrot, un peu fatigué au début, revenait, comme Riazantsev, de Russie après avoir secondé Grichtchouk. Au 8e échiquier, Laurie Delorme n’a perdu que deux parties (Clichy et Évry). Une valeur sûre avec son compagnon Gozzoli.
Au final, tous les Français sauf le “héros” Collas, retenu “en (Saint-) Affrique”, ont fêté ces jours-ci le titre chez Étienne Bacrot. Et ils ont dû chanter que Collas “était des nôtres”.
Mulhouse: du bruit et de la couleur
Des joueurs et capitaines se sont plaint des conditions de jeu: du bruit dans le musée, de l’éclairage faible du fait de l’absence de fenêtres. Les joueurs habitués à jouer dans les cafés et les amateurs de boules Quiès n’ont rien entendu. Petrossian, reviens!
Jeu, set… et mat
Jordi Lopez, salarié de la fédération, était installé près de la table des arbitres, concentré comme quand on joue au Sudoku. Bingo! Il suivait de son téléphone les matches de Roland-Garros. Plus exactement les exploits de son compatriote Nadal. Discrètement certes. Arbitre! C’est dur d’être fédé…
Le top 12, une formule à revoir?
Le débat n’est pas nouveau. Daniel Roos, de Strasbourg, s’était déjà exprimé à ce sujet, avec réponse du directeur général de la FFE ; voir la note du 27 juin 2008 ici. En attendant, voici quelques questions et remarques…
1) Moins de frais pour les clubs?
Présenté comme un argument pour passer du top 16 au top 12, ce n’est pas évident. Beaucoup d’amateurs dans les équipes ont fait des aller-retour entre la ronde 1 et 11, ne pouvant se libérer pour deux semaines. Voire ne sont pas revenus.
2) La médiatisation! Quelle médiatisation?
Non seulement personne n’a parlé de cette compétition en dehors du journal local, mais en plus, les spectateurs étaient aussi nombreux que pour un match de Nationale V. Certes, c’est classique. Seule la retransmission en léger différé sur l’Internet est un vrai succès malgré quelques bogues. Elle ne s’adresse toutefois qu’aux spécialistes… ne travaillant pas dans la journée ou pour les travailleurs sur écran au bureau maîtrisant la touche ALT flèches.
3) 12 égale 16 moins 4!
Quatre équipes concouraient pour le titre cette année. Mais pour les 4 équipes supplémentaires qui auraient pu compléter cette compétition, c’est aussi 4 équipes en moins pouvant demander et obtenir des subventions. A contrario, et pour pousser le raisonnement des pro-Top 12, on peut encore réduire à 10 voire à 8, cela fera encore plus d’économies.
4) Nulles de salon contre parties spectaculaires
Capitaines et joueurs s’accrochent au score prévisible. Les nulles sans jouer se mettent alors à pleuvoir. Une vraie plaie dans ce tournoi. Vivement que les nulles en moins de 30 coups soient interdites par la FFE ou dans les contrats des joueurs pros.
5) Un appariement entre équipes discutable
Pourquoi des appariements fort-faible comme dans un open? Un appariement au hasard intégral comme dans un tournoi fermé individuel (avec tirage d’un numéro d’ordre) aurait sûrement donné des clashes plus tôt dans le tournoi, évitant les calculs et maintenant la pression sur tous, pour les candidats au titre comme pour les candidats à la descente.
Carte grands voyageurs
Médaille d’or de la bonne gouvernance à Europe Échecs venue pour quelques heures à la 8e ronde. Admirer une centaine de joueurs de Besançon, gratter 4 minutes d’entretien vidéo d’une compétition majeure… il faut dire que les frais de déplacement se montent à 1 h 20 min, 137 km dont 9,90 euros de péage. Bonne gestion.
Le ou la future président(e)!
Médaille de bronze et de bonze: le président fédéral venu pour une journée. Il a déclaré sans rire à EE qu’il y avait « un peu de suspense » sur le nom de son successeur. Tout le monde a vu que son nez remuait. Du coup, je contre et surcontre!
Bravo pour toutes ces chroniques ! Pour le match Clichy – Marseille, impossible de faire jouer Pelletier au 1er échiquier à la place de Fressinet en raison de la règle des 103 points qui interdisait à Pelletier (2587) de jouer devant Jakovenko (2732).