Carlsen champion du monde: interview presque imaginaire!
Happé par les médias du monde entier, Magnus Carlsen n’a pas eu le temps de nous consacrer un entretien. C’est maintenant chose faite. Un entretien presque imaginaire où Carlsen revient sur son match et ses petits secrets, le rôle de Fressinet et son secondant officiel Hammer.
Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui croient aux interviews officielles. Et ceux qui creusent… et qui tombent sur l’entretien presque imaginaire avec le 16e champion du monde !
Echecs64 : Magnus, tu es devenu le 16e champion du monde depuis le 22 novembre 2013 en gagnant 3 parties sur les 10 jouées contre Anand. Ton sentiment ?
Magnus Carlsen : Tu vois, le monde se divise en deux catégories. Ceux qui veulent un match en 24 parties pour devenir champion du monde et ceux qui creusent. Toi, tu creuses avec ton p’tit stylo.
Echecs64 : Mais Magnus, le match était en 12 parties !
MC : Faute. En 8 parties : les 2 premières nulles d’échauffement en 16 et 25 coups comptent pour du beurre. Après, tout s’est joué sur 8 parties où j’ai marqué 3 points. Et bonsoir Clara.
Echecs64 : Qui as-tu remercié en premier en France ?
MC : Lautier. Mais il n’est plus dans les Pages Blanches. T’as pas son adresse en Russie ? Il a participé à la Dream Team qui a battu Kaspied (c’est une trouvaille de Fressinette, je l’adore !) via Kramnik en 2000. Ah ! La Défense Berlinoise ! Elle me donne des érections, même la nuit. Je lui avais demandé avant le match quelques tuyaux. Trop pris, il m’a aiguillé sur Fressinet. Merci les Frenchies !
Echecs64 : Concrètement, qu’a-t-il fait ?
MC : Il m’a amené un catalogue de bagnoles. Il croyait que je voulais acheter une Berline à Chennai. Laurent a vraiment du mal avec l’anglais.
Echecs64 : Ah ! tu es vache, il met l’ambiance avec son accent du Sud.
MC : Oui, mais en anglais, il le perd ! T’aurais vu comme mes sœurs se marraient en lui faisant répéter ‘My tailor is rich’. C’est vrai qu’il est sympa. Mais il est ‘too weak, too slow’ !
Echecs64 : Tu n’as révélé que ton vieux pote Ludwig Hammer comme secondant. Tu continues de te moquer du monde ? On cite Nepomiachti et même Kramnik !
MC : Ils sont tous jaloux parce qu’ils ne peuvent pas chanter la version norvégienne de Si j’avais un marteau. Je te conseille la VO. Bah oui, Hammer, cela veut dire marteau. Et franchement, il a bossé comme une brute.
Echecs64 : Quand viens-tu jouer en France ?
MC : Justement, tu ne connais pas un club qui peut m’embaucher ? Je vais déchirer ma licence à Clichy ! Je reste tout le temps sur le banc de touche. Tu te rends compte, ne pas sélectionner le premier joueur au Elo ?! Avec un nouveau club, ça ira sûrement mieux et ptet bien que ça leur rapportera des subventions publiques.
Echecs64 : Tu maîtrises l’argot, c’est impressionnant.
MC : En toute modestie, j’ai appris en 15 jours. La Fress, c’est un bon prof. Too strong et très quick en argot.
Echecs64 : Revenons au match. Franchement, c’était chiant. Que des parties techniques, du gavage de Berlinoise.
MC : Désolé pour mes fans, mais je me lève à midi et j’ai horreur de calculer. Alors j’échange les dames et je gratte les cases pendant des heures. Ils n’ont pas l’habitude ces patzers de GMI. S’ils savaient… J’ai fait des séances de spiritisme ! Capablanca m’a tout expliqué pour trouver le meilleur coup instantanément.
Echecs64 : Kasparov t’a félicité après ta victoire ?
MC : Tous les e-mails qui arrivent de Kaspied vont direct dans le pourriel. La boîte à spams en bon français. Paraît qu’il me cire les pompes sur twitter. Il est venu faire son kéké à Chennai pendant le match pour gêner Anand. C’était pathétique. J’ai battu Anand d’une seule main…
Echecs64 : Mais en 2009, tu t’es entraîné avec lui pourtant !
MC : C’est plutôt lui qui a appris sur moi ! J’avais pas besoin de ses variantes. Je suis un échangiste de dames et je passe en finale. Il est devenu fou. Il m’a dit qu’on ne pouvait pas mélanger le sexe et les échecs. Tu vois, il n’a rien compris. Il n’a aucun humour.
Comme Karpov jeune, tu ne me feras jamais lever avant midi.
J’ai envoyé un texto à Papa et à mon manager, Espen Agdestein, le frère de Simen : on lui a donné son chèque et on l’a effacé. Espen lui a envoyé le CD des Doors avec This is The End. J’étais mort de rire !
Echecs64 : Quels sont tes objectifs ?
MC : Gagner tous les tournois. Comme Karpov dans les années 1970-1980, mais sans placer mes potes pour faire des nulles faciles et moins bosser. Je veux tous les rincer. Too weak, too slow.
Echecs64 : Tu vas demander cher ?
MC : Oui, Espen fait bien le job pour les royalties. Mais c’est surtout mes adversaires qui vont prendre cher. Tous des crevards. Ils attendaient l’échec et mat d’Anand. Car en tant que punching ball, grâce à moi, ils vont gagner plus d’argent dans tous les tournois auxquels je participerai !
Echecs64 : Ce n’était pas trop dur l’ambiance en Inde ?
MC : Visité aucun temple. Suis pas sorti de l’hôtel. Mes sœurs se sont éclatées à essayer des saris dans tous les sens. Ma mère et mon père m’ont dit que ce pays avait plus d’un milliard d’habitants.
Echecs64 : T’as une tête de jeune boxeur, tu dis tout le temps ‘may be’. D’où te vient ce sympathique côté de nerd ?
MC : Je veux faire du ChessBoxing. Non, mais arrête, dans tes rêves ! Depuis que j’échange les dames sur l’échiquier, j’ai une girlfriend. Scoop : je ne l’ai pas rencontrée au tournoi du Cap d’Agde.
Echecs64 : Tu nous la présenteras ?
MC : Sur CNN d’abord. Sur Facebook ensuite. Bah oui, MC en France, c’est un rappeur. Moi, je suis une marque internationale. Tu verras, sur Facebook, je ne ferai pas comme Aronian qui montre les citrouilles du jardin de sa mère ou les photos de sa copine sous toutes les coutures.
Echecs64 : Qui pourrais-tu remercier parmi les anciens champions du monde ?
MC : Lasker. Je kiffe la Berlinoise.
Echecs64 : Et Fischer ? Bobby, quand même. Il jouait à fond toutes les positions comme toi.
MC : Qui ça ? Connais pas. Il a joué un tournoi récemment ?
Echecs64 : Quand tu viendras en France, quel monument historique visiteras-tu en premier ?
MC : La fédération française. Tivi (Tiviakov) m’a raconté ; la mare aux canards l’a fait rigoler. On ira en famille. On louera un hélico.
Echecs64 : Mais pourquoi ? T’es pas écolo ! Y’a les transports en commun.
MC : Tivi a mis 5h pour y aller de Paris. OK, il s’est cru dans une Défense Scandinave et est parti au nord de Paris alors que c’est au sud-ouest. Quel poireau !
Echecs64 : Tu rencontreras le président Diego Salazar ?
MC : D’abord une simultanée contre l’équipe de France. Un ‘Faites vous la main’. Ensuite la grosse bouffe avec Diego.
Echecs64 : Amateur de cuisine française ?
MC : Tu vois, le monde se divise en deux catégories. Ceux qui aiment la cuisine française. Et ceux qui aiment Quick. Toi, ton président, il aime Quick. D’ailleurs il va me pistonner pour ma carte de fidélité.
Echecs64 : Merci Magnus, de ta disponibilité.
MC : (Carlsen prend alors son téléphone) Espen, prépare la facture pour l’interview d’Echecs64. Rajoute quelques zéros à 64, ce type dit n’importe quoi.
Je vous remercie de noter que Magnus Carlsen et moi, on a un point commun : on aime bien échanger l’edam.
“Fischer ? Connais pas. Il a joué un tournoi récemment ?”
J’ai explosé de rire 🙂
Bravo pour cet article !
C’est beaucoup plus authentique que les vraies interviews, effectivement !