Affaire de la triche: 9 mois avec sursis requis

Après plus de huit années de procédure et de multiples renvois, l’affaire de la triche aux Olympiades 2010 de Khanty-Mansiïsk a été plaidée le 25 février 2019 devant le tribunal correctionnel de Thionville.

La vice-procureure a requis 9 mois de prison avec sursis à l’encontre de Sébastien Feller (joueur de l’EdF), Arnaud Hauchard (capitaine) et Cyril Marzolo, suspecté d’avoir envoyé des coups à Hauchard par texto qui les aurait transmis à Feller.

L’audience relatée Le Républicain lorrain (qui ne parle pas du témoin à la barre et des enregistrements faits sur Marzolo… comme tous les autres journaux)

Seul Cyril Marzolo a avoué dans cette affaire après un arrangement avec la fédération.

Un témoin a été entendu à la barre, lequel avait enregistré une conversation avec Marzolo en août 2011 où ce dernier racontait comment il avait signé un protocole avec la FFE à son domicile, et par qui il avait touché et encaissé un premier chèque.”Ils m’ont fait chier pour que je signe” dit-il dans les enregistrements.


Le témoin a raconté que Marzolo connaissait dès le 4 août 2011 que la commission d’éthique de la FIDE avait été saisie début juillet 2011, dans l’attente d’un jugement qu’elle prononcera en 2012 contre Feller et Hauchard.

Ces enregistrements et le verbatim longuement évoqués à l’audience, sont au dossier.

Aucun journal relatant cette audience n’a cité ce témoin ni cet enregistrement. Echecs64, parti à la cueillette aux champignons loin de Thionville, n’est pas tombé dans le piège de ce fâcheux oubli.

De leur côté, Hauchard et Feller ont nié devant la justice toute triche après de multiples procédures. L’affaire dure depuis si longtemps que les joueurs de Gaule l’ont presque oubliée. Toute la Gaule?

Se battre huit années pour finalement se défiler à l’audience n’est pas le meilleur coup de la carrière brisée de ces trois joueurs. Comme l’a ajouté Me Nicolas, avocat de la FFE, “c’est un immense gâchis”.

Au cyclisme, les dopés se remettent en selle sans ambage. Aux échecs, cette affaire a été un électrochoc et un groupe Facebook existe pour bannir à vie les tricheurs.

Les conséquences de cette affaire ont entraîné la création de commissions d’éthique, (la FFE a fait le ménage dans la sienne), d’anti-triche et de mesures pragmatiques “pas de téléphone portable dans l’enceinte du tournoi” comme à l’open de Lisbonne chaque mois de février.

Malgré tout, des tricheurs à la petite semaine existent encore dans les opens.
Cela nécessite une vigilance de leurs adversaires et des arbitres comme cela s’est produit de nombreuses fois ensuite, notamment en Allemagne. 

Le problème de cette affaire est qu’elle a touché le plus haut niveau, l’équipe de France. Hauchard n’a plus entraîné ensuite Vachier-Lagrave. Feller a cessé son ascension. Quant à la gestion de cette affaire par la FFE… ben on va dire que y’a prescription, ok?

Malgré de forts soupçons de la FFE, une théorie bidon du “vol du bourdon” (supposément blitz-dansée par Hauchard qui se serait déplacé pour indiquer la case à jouer pour Feller) et bien d’autres choses, le modus operandi supposé n’a jamais été éclairci.

Pourtant, « il y a eu tricherie, tromperie et sur le plan pénal, escroquerie » a estimé la procureure qui a requis 9 mois de prison avec sursis.

Alors, a triché, a pas triché? Les avocats de Feller et Hauchard ont demandé la relaxe faute de preuves. L’avocat de Marzolo était absent. Le jugement sera rendu le 27 mai 2019.

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