Carlsen-Nepo: un format tailleur dames?
Carlsen est resté par deux fois champion du monde grâce à ses talents en blitz dans le départage. Pourrait-on améliorer la formule ?
De tous les systèmes de départage utilisés en championnat du monde, quel est le « moins pire » ? C’est presque une conjecture échiquéenne (allô, Riemann?). Du match-revanche imposé par le patriarche Botvinnik qui renvoyait dans leurs pénates les « champions d’hiver » avec la simple règle « le tenant conserve son titre », le monde moderne nous a demandé du spectacle dans un ring ‘médiatique’ presque imaginaire : nous avons donc maintenant, après 12 ou 14 parties de match, des départages en rapide puis en blitz. Karpov est contre ce mélange de cadences et l’a répété maintes fois.
Des centaines de milliers de dollars se jouent ainsi en quelques heures après trois semaines de joutes.
Un nouveau format importé des dames ?
Voici un système qui mélange les trois cadences… et qui l’assume. La combinaison a de l’intérêt. Il a été appliqué lors du championnat du monde féminin du jeu de dames à Varsovie..
Le jeu de dames est actuellement dominé par les Russes et les Néerlandais. Au championnat du monde féminin à Varsovie pendant le premier confinement, j’ai découvert le système de comptage. A l’affichage, on n’y comprend rien. A l’arrivée, le système fait sens, à une grande nuance près par rapport aux échecs : le trait n’est pas si important au jeu de dames.
Comment ça marche ?
Trois jours de parties puis un jour de repos. 9 parties lentes en tout. Une partie lente (80 min + 1 min/coup) par jour.
Une partie lente est jouée. La gagnante prend 12 pts, la perdante 0 pts.
En cas de nulle dans la partie lente suit immédiatement une seule partie rapide (20 min + 5 s). La couleur est alternée. La répartition des points est de 8-4 en cas de victoire.
Si la partie rapide est nulle, on passe immédiatement à une seule partie blitz (5 min + 3 s). La répartition, en cas de victoire, est de 7 à 5.
Si le blitz est nul (les damistes disent aussi ‘remise’ comme aux échecs autrefois), le comptage est de 6 à 6 et l’on joue le lendemain la partie lente suivante.
Conclusion : 3 parties par jour maximum à trois rythmes différents avec un poids très important pour les parties gagnées en cadence lente et une volonté évidente d’éliminer les nulles qui sont beaucoup plus importantes au jeu de dames qu’aux échecs.
Si, à la fin du match, les deux joueuses sont à égalité ? Le départage est adopté, dans l’ordre par : le meilleur score en partie lente, rapide et en blitz. Patatras, les deux joueuses étaient parvenues à égalité parfaite partout.
Le règlement est sympa : 15 minutes de pause après la 9e partie et on enchaîne avec 2 parties rapides (20 min + 5 s).
Si l’égalité persiste, on passe à la cadence blitz (5 min + 3 s). La première partie décisive donne le titre.
A propos, la tenante bachkire, Tamara Tansykkuzhina qui s’était arrachée pour revenir au score a gagné au bout du bout des blitz et a raflé 8 000 euros pour ce énième titre. Soit deux mois et demi de salaire de notre président fédéral. Dur !
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