Décès de Jacques Lambert
L’ancien président fédéral Jacques Lambert (né le 27/05/1933) est décédé le 18 mai 2022 à la clinique du Pré au Mans. Président de 1976 à 1987, il a structuré les échecs français qui sortaient à peine des cafés. Le binôme formé avec Jean-Claude Loubatière, directeur technique national, a fonctionné à plein pour élargir la base de la pyramide. Non seulement des clubs se sont formés, mais des jeunes ont été licenciés peu à peu pour former aujourd’hui les deux tiers de l’effectif fédéral.
Son dada : structurer et faire d’une fédération autre chose qu’une bataille entre les « Parisiens » et ce qu’on appelait à l’époque « la province » et non « les régions ». Dans ce bras de fer, les échecs ont gagné et les années 1980 ont vu nombre de tournois open et fermés se développer où les maîtres étrangers étaient invités. Mais les titrés français se comptaient sur les doigts d’une main et ce qui intéressait M. Lambert, c’était les clubs, les clubs, les clubs et les jeunes via Jean-Claude Loubatière, basé à Montpellier.
Lambert était un orateur hors pair. Il pouvait retourner une assemblée avec ses longues interventions. En parlant, il faisait les liaisons avec cette voix qui portait et avait toujours le mot juste pour répondre à un argument ou à une provocation. Avec humour, un humour parfois féroce pour ses adversaires qui furent nombreux dans des assemblées générales foutraques. Les AG d’aujourd’hui, c’est le monde des Bisounours avec des fautes de syntaxe.
Pas toujours d’accord avec le Jacques Lambert de l’époque en tant que jeune journaliste, le temps a fait de moi un ancien combattant alors que lui était encore si alerte avec une mémoire d’éléphant. La preuve ?
Trois heures de voiture entre Paris et St-Quentin (Aisne) pour une assemblée générale en 2019. Marc Gatine était allé le chercher au train en provenance du Mans, à la gare Montparnasse. Le voyage fut un cours d’histoire sur la FFE, avec moult anecdotes sur la fédération des années 1960 à 1980 où chaque page des mètres cubes d’archives fédérales en sa possession renvoyait à tel ou tel personnage. Les deux compères à l’arrière, Marc Gatine et Frédéric Loyarte, ne purent en placer une, j’arrivais à peine à suivre le rythme en le relançant toutefois sur tel ou tel personnage. Jacques Lambert était impayable. Pour faire une coupure à propos de ce flot fédéral, il nous « distrayait » en évoquant sa maladie qu’il décrivait d’un trait : « J’ai enterré trois de mes médecins, alors tu comprends… »
Et de reprendre en évoquant ses batailles avec le président fédéral Raoul Bertolo, le candidat Jean-Paul Touzé ou l’incroyable assemblée générale avec Toyos, entrepreneur de pompes funèbres dans le civil et organisateur de tournois.
Jacques Lambert avait été chaudement applaudi à cette assemblée générale de 2019 où il avait apporté son soutien au président Bachar Kouatly. Il avait été touché que les échecs français ne l’oublient pas.
Le dernier contact téléphonique avec Jacques fut en octobre 2021 ; je jouais un tournoi de jeu de dames en parties lentes au Mans. Il m’invita à participer au traditionnel open de décembre et m’expliqua que son club faisait des actions communes avec le club de dames local. Bien sûr, il y eut le petit crochet sur la fédération, enfin, la sienne qui est finalement devenue la nôtre.
Condoléances à sa famille et à son « épouse ». Jacques avait le verbe précis. Nous perdons un grand homme.
Interview et hommage de Jacques Lambert sur le site d’Europe Échecs
Hommages sur le site fédéral de MM. Delafontaine, Henrio, Mullon.