Le quart d’heure de célébrité chez Andreea
Le quart d’heure de célébrité inventé par Andy Warhol, je l’ai pris en pleine poire le 10/11/2020. Grâce à twitch et à un autre… Andy : Andy…Rekt !
Andreea Navrotescu, sixième joueuse française, interrogée récemment dans de nombreux médias à cause de la série Netflix Queen’s Gambit est streameuse à plein temps sur sa chaîne twitch ‘Andy-Rekt’. Elle recevait le 11 décembre 2020 une ex-championne jeune Sophie Aflalo, 24 ans, 15e joueuse française (club : Tremblay). Et grâce à elle, j’ai vécu mon ‘quart d’heure de célébrité’ _15 minutes of fame _ inventé par le gigantesque Andy Warhol. Oui, admiré par Marilyn Monroe.
Le dialogue est sympa, il dure plus de deux heures, aborde tous les aspects du jeu notamment les comportements de ces messieurs, les échecs « féminins » etc. Andreea ne fait pas dans le conventionnel dans ses interviews et prépare bien ses entretiens. Gauche, droite, uppercut, jeu de jambes à la Mohamed Ali, t’es ma copine, mais tiens, prends ça avec le sourire.
Elle interroge Sophie Aflalo sur « un moment douloureux » de sa vie (échiquéenne), Sophie avait envoyé quelques-unes de ses pires parties. Andreaa: « On va regarder celle contre Christophe Bouton. »
Il est 21h11. J’étais au lit avec Marcella (pas une copine, la série de Netflix). Un pote GM qui suivait le direct m’appelle : « Va sur la chaîne d’Andreea, on parle de toi. Tu reconnais la position ? »
Oui, a tempo malheureusement. Mais j’ai loupé l’intro et je comprends en route qu’il s’agit d’une « pire partie ».
Quelle drôle mais intéressante idée de faire parler quelqu’un d’un de ses pires parties. Sophie Aflalo joue le jeu. Elle n’est pas en mode ‘Kill Bill’ comme sur l’échiquier. Elle fait partager ses impressions du moment.
Mon pire moment à moi : j’ai mis quinze minutes à comprendre le pseudonyme d’Andreea sur sa chaîne : Andy_Rekt. Ah quel patzer !
Bon, OK, j’ai ensuite galéré techniquement pour intervenir dans le chat (pseudo : chbouton). Plus de cent personnes suivent le direct dont une joueuse qui me dit avec humour dans le chat qu’elle me « stalke ». Hop ! Second mot appris ce soir.
Ce qui est intéressant, ce sont les impressions données par Sophie avant puis après sa gaffe (à partir de la 45e minute).
Avant : « Je le regarde… oh… le pauvre, il sait vraiment plus quoi jouer, pourquoi il n’abandonne pas directement plutôt que de me donner toutes ses pièces ? » Sur l’échiquier, Sophie s’est précipitée sur la prise du pion… ce qui lui fait perdre une tour nette et la partie beaucoup plus tard (un mat géométrique avec D+T+F aurait pu écourter) dans des souffrances… réciproques.
Voilà, on a tous des souvenirs marquants de parties arnaquées, bien jouées ou de bêtes noires. Ma bête noire à moi, depuis mes 17 ans et nos rencontres régionales puis nationales est… Éric Prié : 0 à 9 quelle que soit l’évaluation de la position.
Bref, la sincérité était au rendez-vous de ce dialogue entre amies et ex-concurrentes des championnats jeunes.
A mon tour d’être sincère : cette partie se jouait à la 5e ronde du championnat de Paris, en 2012. Oui, j’avais une revanche à prendre car en 2009, dans un match d’interclubs, Sophie m’avait complètement embrouillé avec son talent combinatoire sur son Est-Indienne favorite et ma ‘Baïonnette’ favorite. Et j’avais pris ma bulle. Une bulle difficile à avaler car elle servait plus ou moins d’examen d’entrée au club de Drancy que je venais de rejoindre.
Donc en 2012 que fais-tu ? Rien de personnel, tu joues contre les pièces. Tu te prépares, tu roules les mécaniques en rejouant la Baïonnette, tu fais le kéké avec ChessBase… et tu aurais pu perdre dès le 13e coup !! (13…axb4 14.Fxb4 h6 15.Ce6 Fxe6 16.dxe6 c5 rideau).
Et puis… tu perds le fil comme dans la partie de 2009. Et tu te dis : « C’est pas vrai, où j’ai déconné ? » Tu continues par inertie la longue descente aux enfers dans une position ‘abandonnable’.
Bon allez, un dernier sursaut comme quand j’avais une réputation ‘d’arna-cœur’ dans mes années au club de Clichy. Je me mets en zeitnot à dessein, je mets mon roi aux fraises pour que Sophie grabe encore un pion. Sophie Aflalo joue a tempo jusqu’au drame : elle prend le pion de trop.
Pas de quoi être fier, j’en ai arnaqué de pires. Je m’en suis fait aussi arnaquer d’horribles, je pense à une partie avec une tour de plus contre Thomas Levesque en 2012 à Drancy. Il n’abandonnait pas et… je me fais mater en un. En quelques secondes, tous ses potes viennent le féliciter sous mon nez. Le quart d’heure de célébrité à l’envers !
Si vous voulez le vôtre, vous n’avez qu’à bien… ou mal jouer. Et vous serez peut-être choisi(e) et diffusé(e) sur la nécessaire chaîne twitch d’Andreea qui fait un travail gigantesque de streameuse.