Olympiades: du bon, du beau des benêts

Quelques impressions en vrac sur les Olympiades.

Kramnik: venu pour se refaire une santé Elo, il gagne toujours aussi peu mais tient son rôle au premier échiquier.

Anand, le champion du monde, a séché. Tu reviens quand, Viswanathan?

Topalov: bouuu-ch’rie! Le premier échiquier bulgare fait une performance à plus de 3000 Elo après la 9e ronde. Défaite? Nulle? Connais pas! Vive la règle Corsica-Sofia: pas de proposition de nulle. Et pour couronner le tout, il place un “échec et mat” contre le Suédois Berg, à la 9e ronde
La facilité avec laquelle il dispose de ses adversaires me rappelle ses performances à l’Olympiade de Erevan, en 1996. Il avait balayé Manuel Apicella de la main gauche. Etienne Bacrot faisait son entrée dans l’équipe de France. Le président de la FFE, Jean-Claude Loubatière, l’avait imposé contre les règlements, mais son niveau le justifiait. Quelques grands-maîtres dont il vaut mieux oublier les noms aujourd’hui avaient fait une pétition pour que le gosse ne joue pas. Il avait répondu sur l’échiquier en battant Roublevsky dans le match contre la Russie.

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Short au 2 pour l’Angleterre: coucou, le revoili! Il gagne avec les noirs dans son style classique. Sa victoire contre Izoria, l’idiot qui joue avec un bonnet, est un modèle. Et avec les blancs, cachez votre roi! Son crime de lèse-Kramnik en jouant avec les noirs la défenseTchigorine a été puni.

Et les tenants du titre, les Arméniens? Encore plus solidaires et plus forts depuis le décès soudain du jeune Asrian.
Ils se permettent de battre la Russie: 3 nulles et 1 gain de Sargissian qui sacrifie une piè-pièce contre Grichtchouk. C’est jouissif, car le sacrifice, on le sent bien, mais il n’est pas évident à concrétiser. C’est du long et bon terme, toutefois. Pas comme la bourse. Peut-être pas remis d’une nuit de poker, Grichtchouk ne joue que sur deux rangées. La partie est superbe.

Leko: J’ai eu mal pour lui en le voyant perdre au finish une finale T contre T + F contre Ivantchouk. Il y avait peut-être de quoi car sa compatriote Judit Polgar fait une Olympiade exécrable. A l’inverse de sa soeur aînée Susan, venue bloguer et faire ‘cheese’ sur toutes les photos.

Et les Français? Début semi-craquard. Il fallait mettre en confiance le petit nouveau, Mazé. Jeune, mais vieux jeu sur l’échiquier: pas de grandes variantes comme Vachier-Lagrave et un style de vissage. Première partie enlevée et risquée toutefois. Mais elle tourne au cauchemar. OK, un cavalier noir en g7 est peu courant, mais il gratte l’avantage et l’initiative.
‘Les pions passés doivent être poussés’ disait Fischer. Au moment où il fallait le faire pour son pion c4, Mazé perd le fil, et plus tard, la partie. Résultat 2-2 grâce au 1er échiquier monténégrin. Il a défié Etienne en lui jouant une Est-Indienne. Il s’est fait baïo-nettoyer comme à la parade.
Et puis, Tkachiev est sorti de son trou. Où est-il passé depuis tout ce temps? On ne le voit plus dans les tournois. Heureusement, il n’a pas perdu la main et réussit sa manoeuvre préférée pour monter la tour sur le roi avec un coup d’attente de dame génial.

V. Tkachiev (2664) – B. Vuckovic (2561)
5e ronde, Serbie-France, Dresde, 17.11.2008

1.e4 c6 2.c4 d5 3.cxd5 cxd5 4.exd5 Cf6 5.Cc3 Cxd5 6.Cf3 Cc6 7.Fb5 e6 8.0-0 Fe7 9.d4 0-0 10.Te1 Fd7 11.Fd3 Ccb4 12.Fb1 Cf6 13.Ce5 Tc8 14.Te3 Fc6 15.Tg3 Te8 16.Fh6 g6 17.Fxg6 hxg6 18.Db1 Cc2 19.Dxc2 Fe4 20.Dd1 Ff5 21.h4 Cd7 22.Cxd7 Dxd7 23.h5 Fh4 24.Te3 Ff6 25.g4 Tc4 26.gxf5 Txd4 27.Df3 gxf5 28.Td1 Rh7 29.Txd4 Dxd4 30.Td3 Tg8+ 31.Rf1 Dc4 32.Fd2 Td8 33.Re2 Td4 34.b3 Da6 35.a4 Fg7 36.Cb5 Te4+ 37.Rd1 Dc6 38.h6 Ff6 39.Dh5 1-0

La bonne ambiance générale semble régner dans cette équipe de France. Mais les alertes avaient débuté quand Fressinet, en début de tournoi, avait retourné une partie avec un pion de moins net d’impôt. Bacrot tient son rang au premier. Mazé donne le gain au dernier contre la Pologne. Et puis arrive la match contre l’Arménie, sur le podium. Un petit tour et une raclée: 3,5 pour les Arméniens.

Rebelote en 9e ronde par un 1-3 contre les Chinois. Bien, l’Olympiade n’est pas terminée, mais il n’y aura pas d’exploit.  Dommage, trois joueurs jouent l’Espagnole avec les noirs (Bacrot, Tkachiev et Fressinet), et pour ceux qui veulent s’y mettre, suivez leurs parties.
Et l’équipe féminine? Franchement, on pouvait attendre mieux avec une telle équipe. Mais ces joueuses s’adorent :), ce qui rend l’esprit d’équipe quelque peu problématique. Au fait, en voyant les parties, jouent-elles en équipe ou bien chacune de leur côté? Au moins, pas de partie de belote coinchée ou de pokermania le soir.

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Photos, vidéos en anglais sur le site (bien mis en page!) Chessvibes