Un match K-K strophique
Le score final du match Karpov-Kasparov à Valence est sévère: 9-3 pour Garri (+8 =2 -2, 4 parties rapides, 8 blitz). Un peu dur pour célébrer le 25e anniversaire de leur premier match pour le championnat du monde, à Moscou, en 1984. L’ensemble de cette exhibition n’a présenté pratiquement aucun intérêt technique, et encore moins émotionnel ou sportif. Très vite, Karpov a voulu boxer dans les cordes, mais il s’est pris des jabs, des contres, des coups au ventre. Kasparov est passé, Karpov a été dépassé.
Si Karpov était une terreur du blitz dans sa jeunesse, son cerveau a été formaté aux parties longues avec ajournement. Ce n’est pas une excuse, mais un constat qu’il rappelle dans nombre d’interviews. Avec un rythme de parties rapides et a fortiori en blitz, il a retrouvé son talon d’Achille qui lui avait coûté quelques parties dans ses affrontements en match, de 1984 à 1990: la mauvaise gestion de son temps.
Karpov a donc perdu plusieurs parties au temps. Avons-nous perdu le nôtre et que conclure?
Que Karpov a la main molle quand on la lui sert et qu’on revit une période soviétique voire historique comme l’écrit une journaliste (qui a reçu un prix de la presse diplomatique!) dans un billet grotesque à la Une du Figaro? Que les deux K sont des Rolling Stones quand ils viendront à Paris en décembre comme le précise un long article de Libération parlant de tout sauf d’échecs et reprenant une idée du GMI Ian Rogers publiée la veille? Rogers relève en passant un chapelet de grosses Fingerfehler journalistiques à travers le monde.
Le spectacle d’un match aussi pitresque a tué le rêve. Mais c’est le propre du remake: il est rarement supérieur à l’original.
Avec l’âge, Garri a des démangeaisons: il est devenu entraîneur du jeune GMI Carlsen. Enfin libre, Kasparov est d’une certaine manière « passé à l’ouest » et vend sous contrat des centaines d’heures de sa science et de son expérience comme un consultant de haut vol.
Le joueur Kasparov est toujours aussi affûté. Et presque à l’affût d’un retour sur scène… Le cénacle des GMI l’observe jouer sous divers pseudonymes sur le Net régulièrement. Kasparov reviendra-t-il dans les grands tournois? Et si on pariait quelques kopecks?
J’arrête les vibrations de ma machine (à écrire). Le match aurait dû être un feu d’artifice. Mais les joueurs sont restés sérieux comme au bon vieux temps. Et le spectacle s’est malheureusement terminé en bouch’rie.
CE QUE NOUS AVONS RATÉ:
Il y a pire: regardez donc du côté de Nankin, en Chine. Au terme des 5 premières rondes du tournoi, aucun des participants n’a été capable de gagner la moindre partie… à l’exception galactique de Carlsen, toujours plus Magnus !