Kamsky n’est plus un ‘papa m’a dit’
Gata Kamsky sourit : il n’est plus cet enfant prodige, cet extraordinaire ‘papa m’a dit’. Ce lundi, il est en tête du tournoi MTel de Sofia. Il a repris une vieille habitude : battre Anand. Et sans aucun complexe. La dernière fois que vous avez sérieusement entendu parler de Kamsky, c’était en 1996, dans son match de championnat du monde contre Karpov à Elista. Une émigration aux États-Unis et un mariage plus tard, Kamsky a repris les échecs. Il nous avait promis d’entamer une carrière de médecin. Enfin, c’est ce que voulait son père Rouslan. Bien que papa Kamsky ait vécu, un temps, sous le même toit que son fils, Gata n’a pas suivi les instructions paternelles : il est revenu à son rythme : l’Internet, frénétiquement. Puis dans les tournois de 6 rondes avec peu de prix ‘and the winner takes all’ – pratiquement tout pour le vainqueur. Et depuis moins d’un an dans le circuit des grands.
Le Kamsky d’aujourd’hui n’est plus ce petit d’homme qui traduisait les réponses de son père. Ce n’est plus cette machine à jouer, communiquant rarement avec les autres. Il n’est plus ce gars qui se réfugiait derrière la parano du père, laquelle énervait au mieux, terrorisait au pire ses adversaires du circuit. Le nouveau Kamsky est arrivé. Comme du Beaujolais concocté dans un vieux fût. La bonne technique est toujours là. Ses nerfs restent incroyablement intacts. Reste la mise à jour sur les ouvertures, qui progresse à chaque tournoi. Et surtout, surtout, Kamsky a appris à sourire. Ah putain ! dix ans pour voir ça. Et en plus, il gagne.
Photo : © fide.com
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