Haïk et Giffard, la paire reconstituée
Aldo. Vous connaissez ? Non, pas cet acteur italien copain de Charles Gérard et Belmondo. Pourtant, quand, dans les années 1970, on disait Aldo (ou Haïk), venait immédiatement Nicolas (ou Giffard) en écho. Comme Dupont et Dupond dans Tintin ou Roux et Combaluzier.
En début de saison, le choc. J’apprends par mon camarade de club Nicolas Giffard une nouvelle épatante : « Aldo » va rejouer et intégrer l’équipe de Nationale I. Haïk et Giffard dans la même équipe au XXIe siècle, c’est du scoop ! Coup de chance en ce 13/1/13 ? Notre équipe de Nationale II jouait aussi à Drancy. Une occasion unique de revoir les deux compères et de fixer sur pellicule l’événement.
Haïk et Giffard : les inséparables
Aldo Haïk et Nicolas Giffard ont été de grandes vedettes dans les années 1970 et au début des années 1980. Deux inséparables. Deux combattants acharnés dans leurs duels malgré leur amitié indéfectible (photo de N. Giffard, Le Touquet 1995, nulle). Un modèle de tenue à la table. Et surtout, surtout, un premier titre de maître international décroché par Aldo Haïk en 1977. Une génération bouillonnante fut décomplexée. Elle s’engouffra dans la brèche, douze ans avant la chute du Mur.
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Haïk : premier maître international « normé »
Revenons un peu en arrière. La France n’a aucun maître international en dehors d’André Muffang, nommé par la FIDE dès la création des titres de MI et GMI en 1950. Le monde est séparé en deux : un bloc à l’Est un autre à l’Ouest. Il est très difficile de faire des normes de maître : il en faut trois avec au moins un tournoi fermé ; les opens comprenant des titrés sont rares – encore faut-il bien scorer pour avoir une chance de les rencontrer – et les titrés de l’Est ne sont presque pas autorisés à sortir.
Comment augmenter ses chances de devenir maître ? Aller sur place, derrière « le rideau de fer ». C’est ainsi qu’Aldo Haïk et Nicolas Giffard se mirent à la quête de ce Graal, si difficile à atteindre à l’époque. Aldo Haïk a obtenu le titre de maître international en 1977 et Nicolas Giffard en 1980. On peut parler d’épopée à relire les aventures (4 tournois pour un titre, Hatier, épuisé, mais on le trouve sur le marché de l’occasion en ligne) qui agitèrent sur l’échiquier et sur le plan de l’organisation les tournois que joua Aldo Haïk pour devenir maître.
Avant cette quête et depuis, les deux sont restés inséparables dans l’amitié malgré leur carrière, leurs résultats, la vie, leurs amours, leurs emmerdes. Nicolas Giffard a écrit de nombreux livres et a commenté de nombreux tournois. Aldo Haïk a aussi publié et a assuré la chronique d’échecs au Figaro de 1977 (décès du chroniqueur Camil Seneca) jusqu’à sa suppression le 31 décembre 2011.
Trente glorieuses ‘échecs’, mais toujours autant d’optimisme
Leurs efforts sur l’échiquier ont été récompensés dans ces années finissantes des « Trente Glorieuses des 64 cases ». Un maître international était bien traité. Il avait des « conditions ». Europe Échecs et son directeur Raoul Bertolo organisaient chaque année une « croisière des échecs » avec l’acteur Michel Constantin en invité vedette où Aldo se régalait. D’une certaine façon, les maîtres de l’Ouest étaient protégés : la concurrence de l’Est était « parquée » dans le giron des pays frères.
En 2012, Giffard continue de jouer beaucoup, il n’a rien perdu de son amour du jeu. Aldo est revenu à la table pour son pote Nicolas. Il dit avoir perdu la fibre. A la table, son air sévère dû à son impressionnante concentration l’a protégé longtemps des importuns ou des kibbitz qui vous prennent de l’énergie entre deux rondes d’un tournoi de parties rapides dans une discussion.
2013_Aldo et Nicolas au club de Drancy |
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Pas de porte du club de Drancy, vers 18 h : il fait froid pour cette mini-séance de photos. Le masque d’Aldo tombe dès qu’une conversation sur le jeu s’engage. Les deux sexagénaires rajeunissent de trente ans. Aldo bouge ses mains comme un ex-fumeur qu’il est devenu. On se croirait presque au « Chess Max Center », ce petit bar parisien situé en plein Quartier Latin, rue des Feuillantines. Le patron s’appelait Max. Il accueillait volontiers les joueurs d’échecs. Aldo et Nicolas y phosphoraient des heures sur des études ou des blitz dans une atmosphère enfumée avec la crème ou la future crème des forts joueurs parisiens.
Ce 13 janvier 2013, Drancy I a gagné son match contre Juvisy. Les deux compères et leur coéquipiers jouent la montée en Top 12. Comme au bon vieux temps.
Combien de fois Haïk et Giffard ont-ils été champions de France ? Réponse sur le site Héritage des Échecs français.
Aldo c’est mon Papa !!!!
A la fin des années 70, A.Haïk a été la “locomotive” des échecs français.
S’il y en a un qui méritait le titre de grand-maître c’est bien lui, compte tenu de son talent, de la qualité de son jeu et de son palmarès.
Mais, à l’époque, l’obtention des normes nécessaires n’était pas aussi aisée qu’aujourd’hui….
Ouah ! Terrible, la photo de Drancy.
On dirait les vieux du Muppet Show…