Sexus echiqueenus: à nous les p’tites Françaises!

 Les petites Françaises ont la cote. L’amour toujours… ou comment quelques top légionnaires de l’échiquier sont tombés, sans atout, devant ces dames de cœur… ou de pique. Avant de lire, bien fermer les yeux quelques instants. S’imaginer chez le coiffeur en train de prendre le Voici le plus proche. L’insérer discrètement dans Pour la science. Prendre l’air sérieux. Tourner les pages et bien lire les légendes, un régal. Rouvrir les yeux. Vous n’êtes plus chez le coiffeur, mais vous avez lu au moins une fois Voici.

À partir de maintenant, de deux choses l’une : vous êtes un attaquant et vous lisez la suite, sans peur et sans reproche. Il n’y a ni coupable ni accusé, mais une devinette essentielle : découvrir le chanteur qui a interprété la chanson, en titre de chaque paragraphe. Si votre style est défensif, zapper tout de suite. Hésitation? Lecture quand même? OK, mais ne pas râler après-coup, on pourrait vous prendre pour un Français.

 

Kramnik : elle est jolie mon guide

Marie-Laure Germont, vous connaissez ? C’est une journaliste du quotidien Le Figaro. Ah oui ? Et le gagnant de son cœur est… le champion du monde en titre Vladimir Kramnik. Clap, clap, clap. Le coming out a eu lieu petit à petit dans les tournois internationaux jusqu’aux photos publiées par ChessBase (deux dernières). Quel beau couple! Marie-Laure est fascinée par les échecs depuis très longtemps. Avant d’être journaliste, elle fréquentait un bar d’échecs de la rue Saint-Michel. Une confidence et on s’arrêtera là sur cette belle histoire d’amour: je ne fréquente pas ce couple, mais Marie-Laure, c’est Madame 100 000 Volts, culture, curiosité, 2000 phonèmes/minute, l’équivalent de 5 psys pour son champion, sous la menace permanente de problèmes de santé. Kramnik adore Paris et il y vit comme il s’en explique dans le New in Chess qui vient de sortir (8/2006).

Kasparov : je suis fou, fou, fou, fou ton balcon

Virginie était une brillante championne du sud de la France dans les années 1990. Elle défendait les couleurs de l’équipe de France lors des Olympiades. Belle comme un cœur et déjà remarquée dans une olympiade précédente, Kasparov est « tombé en amour » comme disent les Québécois. La liaison n’avait rien de secret. Mais la presse spécialisée préférait regarder ailleurs, les parties c’est tellement plus intéressant… C’était une belle histoire, Kasparov ne fait jamais les choses à moitié; mais on ne peut pas s’aimer entre deux avions. Le temps a passé, les blessures se sont cicatrisées. Kasparov aime toujours la France. Virginie ne joue plus aux échecs. Dommage, quel talent échiquéen. Pour une fois que l’on voyait Kasparov faire autre chose avec une femme que de la convoquer par garde du corps interposé.

Topalov : venez danser milord

Wijk aan Zee 1998. Envoyé en reportage. Pas un compatriote à l’horizon. Ah si ! « Bonjour Catherine, tu joues? » La conversation s’engage sur les joueurs du grand tournoi. Elle craque manifestement pour Topalov. – Tu le connais ? « Oui…, dans les tournois, les interviews, les matches de foot à Novgorod suivis de saunas, c’est un chouette type. Tu veux que j’en parle à son manager, Silvio ? » Comme papa Kamsky en son temps, tout doit passer par Silvio. L’idylle – discrète – a duré quelques années. Catherine jonglait entre son travail et les horaires d’avion pas possibles pour retrouver Topi en route pour le top. La belle? Vue deux fois depuis et n’ai rien voulu savoir de leur histoire. Ah si, une chose. Catherine, si tu me lis, on avait parié une caisse de bière. J’attends toujours. Ma marque, c’est Corona. Merci.

Anand, Gourevitch, Ivantchouk, Guelfand, Azma, Wahls…: et au suivant!

C’est la sœur d’un Français devenu aujourd’hui grand-maître. Bis repetita placent. On devrait me mettre en examen pour non assistance à grands maîtres en danger! Explication. 1992: les parents de la jeune adolescente M. me prient d’accompagner leur fille au tournoi de Bienne, en Suisse. S’y jouait en même temps le tournoi interzonal. Recommandation express de la mère: vissage total et au dodo avant 21h pour éviter la chasse aux maîtres, spécialité déjà bien entamée dans l’Hexagone par sa progéniture. Effectivement, à Bienne, il y avait du bon, du beau, du gros bonnet à plus de 2500 Elo. Patatras! Je dus malgré moi déclarer forfait au dernier moment dans mon rôle d’accompagnateur. La petite Française, sans laisse, fit donc son tour du monde des grands maîtres, catégorie super lourds 2500-2600 Elo. Sans ramener d’autographes, mais avec beaucoup de souvenirs. Elle était drôle et le reste! C’est maintenant une mère de famille heureuse et épanouie. Ah, à propos, le tour du monde, elle en a fait son métier: elle est aujourd’hui hôtesse de l’air.

L’amante religieuse et les p’tits Français

Les records de la jeune M. ont été pulvérisés par une joueuse beaucoup, beaucoup plus forte aux échecs: avec tous ses atouts, cette dame de pique met tous les maîtres à carreau. Et sans avoir besoin de faire tapis! Elle a débuté sans ruse par les Russes, catégorie 2500-2600. Puis a sévi dans l’Hexagone. Devise: «  À moi les grozElo ». Au dessus de 2400, même à partir de seize ans.

Épilogue

medium_femme_echiquier.2.jpgVous venez de soupirer, déconfit(e)? Fermez les yeux. Vous êtes revenu(e) chez le coiffeur. Extraire Voici de l’autre journal. Lire un article scientifique et promettez-vous de n’offrir à personne Sexus politicus, mais un bon livre d’échecs. C’est beaucoup plus sérieux. Et rassurez-vous: la tradition existait avant, et bien qu’un peu hors circuit, j’ai déjà repéré parmi nos p’tites Françaises que la tradition va perdurer.